Childéric Ier et son mobilier funéraire : une synthèse des traditions germaniques et romaines

Childéric Ier, souverain des Francs Saliens de 457 à 481 après J.-C., successeur de Mérovée et père de Clovis Ier, est considéré comme l’un des premiers rois mérovingiens. Peuple fédéré par l’Empire romain, les Francs Saliens étaient établis en Belgique Seconde, au nord-ouest de la Gaule, avec pour centre administratif la ville de Tournai. Exilé en Thuringe durant une période indéterminée, Childéric Ier fut rétabli en 463 et nommé gouverneur de la Belgique Seconde pour le compte de l’Empire romain. Il prit part à plusieurs campagnes militaires, notamment contre les Wisigoths à la bataille d’Orléans en 463, mais également contre les Burgondes et les Saxons à Angers en 469.

Suite à la chute de l’Empire romain d’Occident en 476, Childéric Ier resta fidèle à Odoacre, reconnu par l’empereur d’Orient Zénon comme roi d’Italie et des provinces occidentales. Il manifesta cette loyauté en combattant et en défaisant les Alamans en Italie du Nord. La date précise de son décès demeure incertaine, les estimations variant entre 477 et 484, bien que l’année 481 soit la plus communément retenue.

La découverte du trésor de Childéric Ier

En 1653, la tombe de Childéric Ier fut découverte fortuitement à Tournai lors de la reconstruction d’un hospice au pied de l’église Saint-Brice. Un ouvrier mit au jour un trésor exceptionnel dont le chanoine Jean-Jacques Chifflet publia les premières analyses en 1655 dans son ouvrage Résurrection du roi des Francs Childéric Ier. Toutefois, la tombe fut rapidement victime de pillages. En 1665, Louis XIV reçut de l’empereur Léopold Ier une part substantielle des objets exhumés, qu’il fit entreposer au Cabinet des médailles de la Bibliothèque royale. Malheureusement, en 1831, la quasi-totalité de ces trésors fut volée et fondue, faisant de l’ouvrage de Chifflet une source d’information inestimable.

Parmi les artefacts les plus remarquables figurent une épée d’apparat, des bijoux en or et émail cloisonné sertis de grenats, une tête de taureau en or, des abeilles d’or ainsi qu’un anneau sigillaire. Toutefois, l’élément le plus significatif réside dans la coexistence de traditions funéraires germaniques et romaines, conférant au défunt une identité hybride de Franc Romain.

La structure funéraire et les pratiques germaniques

Les recherches ultérieures ont permis de reconstituer l’organisation générale de la tombe. Elle était située sous un tumulus d’environ vingt mètres de diamètre. Autour de celui-ci, trois fosses renfermaient les dépouilles de vingt-et-un chevaux, un nombre significatif par rapport à la moyenne habituelle de deux ou trois chevaux observée dans les rites funéraires germaniques. Cet élément illustre un syncrétisme culturel entre les traditions romaines et germaniques.

Le mobilier numismatique : un témoignage monétaire inestimable

L’un des aspects les plus énigmatiques de cette découverte réside dans la composition du mobilier numismatique. Plus de 90 solidii (à raison de 4,50 g d’or par unité) furent retrouvés, les plus anciens à l’effigie de Théodose II (408-450), les plus récents à celle de Zénon (476-491), avec une prédominance de 58 solidii à l’effigie de Léon Ier (457-474), contemporain de Childéric. La majorité de ces solidii servira de modèle aux sous et aux tiers de sous (tremesis triens) émis lors de l’instauration des lois saliques sous Clovis Ier.

En outre, un très grand nombre de deniers romains fut mis au jour environ 200, dont seulement 42 étudié par Chifflet comprenant deniers consulaires et impériaux allant de Néron à Caracalla. Ces deniers, frappés au 96ème de la livre romaine (à raison de 3,40 g chacun), confirment une persistance de l’usage de ce standard pondéral parmi les peuples germaniques libres, bien après la réforme monétaire de Dioclétien. Fait notable, l’antoninien, introduit par Caracalla pour équivaloir à deux deniers, ne semble pas avoir été assimilé par ces populations.

Ainsi, la présence de ces monnaies dans la tombe de Childéric atteste la survivance de pratiques monétaires romaines remaniées, encore en vigueur plusieurs siècles après la chute de l’Empire romain d’Occident. Cette découverte constitue donc un témoignage unique de la transition entre le système économique romain et les usages monétaires des peuples germaniques.

Source : Le mobilier funéraire de la tombe de Childéric 1er

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