Denier de Neria TTB+– Cnæus Nerius, 49 av. J.-C.
Poids : 3,50 g – Diamètre : 11,71 mm – Argent
Rareté : Indice 8 (très rare)
Références : RRC 441/1 – B.1 (Neria) – Syd.937
Ce denier, frappé par Cnæus Nerius, questeur urbain de Pompée, est une véritable mémoire d’argent des heures les plus sombres de la République romaine.
🔹 Avers : Légende NERI. Q. VRB. – Tête de Saturne tournée à droite, divinité du temps et gardien du trésor public (Ærarium Saturni), symbole direct de la charge de questeur urbain confiée à Nerius. Derrière, un harpon rappelle la rigueur et la vigilance.
🔹 Revers : L. LENT / C. MAR / COS – Un aigle légionnaire (aquila), dressé avec majesté, se tient entre deux étendards militaires des manipules d’Hastati et de Principes, troupes d’élite des légions pompéiennes. La composition annonce la guerre civile imminente contre César, où chaque enseigne devient serment et espérance.
🌍 Contexte historique :
En 49 av. J.-C., César franchit le Rubicon, déclenchant la guerre civile contre Pompée. Les consuls de l’année, Lucius Lentulus et Caius Marcellus, quittèrent Rome avec le trésor et, accompagnés de Nerius, s’enfuirent vers l’Épire. L’atelier monétaire fut alors établi à Apollonie, en terre grecque, où ce denier vit le jour.
La présence simultanée du nom du questeur et des deux consuls est exceptionnelle : elle traduit le besoin de légitimer une frappe en exil, au moment où Rome était tombée sous le contrôle de César. Ainsi, cette petite pièce d’argent est à la fois témoin d’une fuite, d’une guerre et d’une espérance perdue.
⚔️ L’aigle et les enseignes, symboles des cohortes qui accompagnaient Pompée, incarnent la fidélité ultime des troupes à une République vacillante.
✨ Analyse et rareté :
Ce denier de Cnæus Nerius, frappé en 49 av. J.-C., est réalisé en argent pur (950 ‰), sans aucune trace de fourrage. Son aspect légèrement cristallisé atteste de son authenticité et de son long séjour dans le sol, véritable sceau du temps.
Avec un indice de rareté 8, il figure parmi les émissions les plus rares de la République romaine. Son poids (3,50 g) et son diamètre (11,71 mm) confirment le haut titre de son argent, reflet d’un monnayage officiel frappé en pleine guerre civile entre César et Pompée.
Les gravures, bien centrées, conservent toute la force de leur symbolique : Saturne, gardien du trésor public, et l’aigle légionnaire, emblème des cohortes pompéiennes. La légère cristallisation du métal ajoute une dimension historique et esthétique, rappelant que chaque éclat de cette monnaie est un témoin direct de son époque.
M. Crawford a relevé pour ce type une estimation très réduite : moins de vingt coins de droit et moins de vingt-deux coins de revers. Dans les trésors connus, seules cinq pièces ont été recensées (Alvignano, Avvetrana, Vigatto, Galignano et Terranova), preuve éclatante que ce denier est encore plus rare que ne le laissent entendre les ouvrages généraux.
👉 Ce denier de Neria ne se contente pas d’être un objet numismatique : il est un fragment d’histoire, un éclat d’argent où résonne encore le bruit des armes et l’écho des destins brisés.
